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À Patrick, merci de m’avoir permis de partager cette sain(t)e lecture

C’est d’un pas satisfait que le chineur aficionado rentre de la brocante, son trésor de papier fermement calé sous le bras. Un recueil à la couverture rouge dont le titre a attiré son regard. Il l’a feuilleté discrètement et, dans la foulée, en a négocié le prix — une somme dérisoire. Qui en aurait voulu ? Maintenant, il traverse l’esplanade, serpente entre les stands, soulève de petits nuages de poussière et irradie du bonheur simple de celui qui, fortune faite, arrive tranquillement à pied par la chine.

Saint Ferréol, c’est ce titre qui a retenu son attention, bien avant la lecture du programme contenu dans une multitude de sous-titres : Saint Ferréol. Sa vie, son martyre, son culte, ses reliques et son sanctuaire aux environs de Céret, par l’abbé A. Crastre, publié en 1924, l’année de naissance de René Chavanieu dont on célèbre les 90 ans d’afición — un bon millésime, forcément. Pour preuve, en slalomant entre les lignes et une flopée de bondieuseries, on découvre une perle, un moment rare d’exquise anthropologie en ouverture du second chapitre… (Orthographe et mise en page du texte original sont pieusement conservées.)

     La fête de Saint-Ferréol (18 septembre), est devenue la fête principale de Céret ; elle a relégué au second plan celle de Saint-Pierre (29 juin), qui est pourtant le titulaire et le patron de l’église. La fête de Saint-Ferréol attire à Céret un nombre prodigieux d’étrangers qui veulent revoir ces divertissements, ces fêtes artistiques, ces concerts de haute valeur, ces Sardanes au rythme apaisant ; toutes choses auxquelles la Cobla des Cortie-Mattes donne une vibration et un charme incomparables. […]
Mais, disons-le tout de suite, ce qui amène dans notre ville la grande masse des forasters, c’est avant tout la Course de Taureaux.
Qu’on sache bien qu’une fête patronale, ici, serait considérée comme fatalement ratée, si elle n’était pas assaisonnée de la Corrida. De temps immémorial, Céret a eu ses courses comme great attraction. Assez amusantes et presque toujours inoffensives, elles avaient lieu dans des arènes en bois, d’une esthétique sommaire. On y faisait courir quelques vaches enrubannées avec une cocarde au milieu du front, et les toréadors célèbres de la ville et des environs mettaient leur gloire à arracher beaucoup de flocs des cornes de la bête. Aujourd’hui, nos afficionados modernes traitent dédaigneusement de jeux d’enfants, ces exercices des temps passés… Céret aujourd’hui, comme toute ville du Midi qui se respecte, a de spacieuses arènes en ciment armé, où l’on voit travailler les matadors les plus renommés de la péninsule avec les bichos les plus sauvages. On y pratique la Corrida de muerte, et l’on peut se payer, à grands frais ! l’écœurant spectacle… de cette lamentable cavalerie, composée de rossinantes efflanquées montées par des Don Quichottes bardés de fer… et de ses entrailles fumantes répandues sur la piste… Quelle horreur !
Oui, « quelle horreur ! «  Tel est le cri que poussait une jeune fille, une parisienne, peu habituée à ces violentes exhibitions. Au moment ou un taureau furieux allait crever un cheval, prestement, elle cacha sa tête entre ses mains et, frémissante, elle criait : « C’est affreux ! c’est affreux ! «  quand une jeune dame derrière elle lui donna cette réplique :  » Eh bien, moi, je me régale ! «  (Authentique). Pourtant cette personne est bonne, sensible, douce, enjouée comment est-elle impassible devant ces scènes de carnage ? C’est le pays qui veut cela. On est Catalan ou on ne l’est pas. Tout Catalan, comme tout Espagnol, a dans les veines un sang spécial où l’on trouve certainement des globules de Corrida !

Ite missa est !

La dernière corrida de la Saint-Ferréol date de 2012. Elle s’est déroulée devant un public confidentiel, par un bel après-midi estival, dans un nuage de poussière permanent où se perdaient parfois les toros de D. Tomás Prieto de la Cal et, souvent, les organisateurs. On a frôlé le ridicule et mis une heure pour changer un jabonero abîmé et retors avant que, comme souvent, les toros (les trois derniers) ne remettent les pendules à l’heure, juste avant la nuit. ‘Aguardentero’, qui entre en piste en cinquième position, est un superbe animal couleur fauve qui enflamme le ruedo. Un grand oublié de l’histoire taurine qui offrit aux quelques spectateurs présents un intense tiers de piques en quatre temps. Temps forts, puissants, prolongés en venant de l’autre côté de la piste pour se planter sur la puya d’un Tito Sandoval magistral. Un grand toro de bout en bout.

Depuis, on se demande où sont passés ces fameux « globules de Corrida ». Le 24 septembre, pour la Mercè, à Barcelone comme à Céret, on a trouvé une solution : en lieu et place de la traditionnelle corrida, on propose une corrida… pédestre ! C’est bien aussi pour les globules…

Dimanche 21 septembre, faute d’aïoli on se tourne volontiers vers l’armagnac ; la Saint-Ferréol s’est déplacée à Vic-Fezensac avec la novillada de Barcial. ¡Suerte!

saint_ferreol

  1. zanzi Répondre
    Olé !

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